"Du premier regard aux premiers mots" : compte-rendu de la rencontre du 30 juin.

Publié le par EPN

 

 

Mercredi 30 juin, seize mamans et une bonne vingtaine de bébés, bambins et enfants se sont réunis à Thionville pour une rencontre sur le thème de la communication entre les tout-petits et leurs parents.

 

 

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Anaïs a d'abord fait le point sur l'évolution du langage chez les enfants de 0 à 5 ans


L'importance de la communication.


L'enfant peut communiquer dès sa naissance. Il faut qu'il ait vécu des situations de communication favorables pour qu'il ait envie de parler.

  

Le bébé voit et entend, il est capable de communiquer :
A 20 minutes, il a une prédisposition à regarder le visage humain : quand on lui présente une série d'images parmi lesquelles se trouve un visage, il fixe préférentiellement le visage.
Dès sa naissance, le bébé établit donc des contacts avec son entourage.
Dès 3 jours, il reconnaît la voix de sa mère.
Les formes que prend le contact avec l’entourage.
La communication prend des formes variées : activités communicatives posturales et gestuelles, échanges de sourires, dialogues vocaux.
L'enfant communique avec son corps : il y a ajustement postural quand on le prend dans ses bras. Les caresses le calment et font cesser ses pleurs.
Il communique aussi par le regard : le contact œil à œil se fait très rapidement (dès la naissance).
Les sourires correspondent à des états de bien-être, de contact social. Il sont un stimulus social très puissant pour les parents. Les nourrissons souriants incitent les adultes à des interactions sociales

Repères chronologiques

De 0 à 18 mois : le stade prélinguisitique

De 0 à 6/7 mois : babillage, essais de production de sons :
-Cris, pleurs, puis productions fortuites, puis volontaires
-Vocalisations universelles
-Existent même chez les enfants présentant un déficit auditif
De 6/7 à 12 mois : babillage linguistique : (dit linguistique car influencé par la langue parlée à la maison)
Production de syllabes
Apparition du pointage
De 12 à 18 mois : étape du premier mot :
Le babillage devient langage, il y a vraiment une intention de communiquer

De 18 à 24 mois : quand un mot désigne une phrase

Vers 18 mois : explosion lexicale :
phase pendant laquelle l’enfant va produire beaucoup de nouveaux mots, dure de quelques jours à quelques semaines
De 18 à 24 mois :
Mots isolés de plus en plus nombreux
Le mot est le noyau d’une phrase : « voiture » désigne aussi bien : « c’est une voiture », que « je veux me promener en voiture »
L’enfant devient capable de ne plus faire d’erreur de correspondance entre les mots et les objets
Il utilise des mots inventés pour ceux qu’il ne connaît pas encore

De 2 à 5 ans : le stade syntaxique

Vers 2 ans : combinaison des mots entre eux quand le lexique atteint environ 50 mots et enrichissement du langage
De 2/3 ans à 5 ans:
Acquisition de la syntaxe par analyse de la régularité des structures et non par imitation
ex : l'enfant produit « il coura » par analyse d'autres formes verbales au passé simple, telles que « il alla, il marcha », il ne se sert pas d'un modèle produit par l'adulte
-Acquisition du « je », des pronoms, des prépositions
-Accords
-Compréhension de phrases complexes.

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Ensuite, Anaïs a présenté le concept Signe avec Moi.

SAM a été créé par Nathanaëlle Bouhier-Charles et Monica Companys. Les enfants imitent déjà naturellement nos gestes et nos mimiques, l’idée est d’élargir la palette de mots ou de gestes familiers pour avoir un code commun à toute la famille. Comme pour les gestes « au revoir », « oui », « non », on peut utiliser des signes de la LSF pour les mots clefs de notre communication. Peu à peu, l’enfant va associer la situation, le mot et le signe.

Le but :

Donner à l’enfant les moyens :
d’exprimer ses besoins
de dire ce qui retient son attention
d’être compris

Quand commencer ?

Il n’y a pas d’âge pour commencer et s’amuser ! Les premiers signes comme « au revoir », « les marionnettes », « bravo » apparaissent vers 8 mois. Autour de 12 mois, la progression est souvent très rapide mais tout dépend de l’enfant !

Les avantages :

Signer, c’est naturel pour l’enfant, cela correspond aux capacités motrices de l’enfant.
Signer permet de mieux se faire comprendre pour éviter les frustrations, les pleurs, les tensions, l’énervement.
L’enfant devient de plus en plus attentif à vos gestes et vous devenez de plus en plus attentif aux siens.
L’enfant peut initier la conversation, la communication est à double sens et s’établit dans la joie, le respect et la complicité.
L’enfant a une meilleure estime de lui, il se sent capable.
Les signes permettent de comprendre les premiers mots prononcés.
Signer donne le goût pour la communication !

Pour qui ?

Les enfants (bébés, bambins, ou tout enfant confronté à des difficultés de communication : handicap…)
Les adultes qui prennent soin de l’enfant : papa, maman, grands-parents, personnes de la famille ou cercle d’amis, nounous …)
Les Sourds, les Entendants

Les ateliers :

Une session se compose de 6 séances indissociables thématiques de 45 minutes environ :

La journée de bébé
La toilette et les vêtements
La nourriture
Les personnes et les animaux
À l’extérieur de la maison
Les émotions et la communication

Vous apprenez une quinzaine de signes par thème à travers des chansons, des poèmes et des jeux. Vous repartez, à la fin de chaque atelier, avec une liste de mots signés et les paroles des chansons et poèmes.

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Quand les mots tardent à venir ...
 
Certains enfants commencent à parler plus tard. On ne sait pas toujours pourquoi ils mettent plus de temps à parler que d’autres, mais cela arrive.
Il est raisonnable de s’attendre à ce qu’un enfant de 24 mois (de 30 mois tout au plus) dise en moyenne 50 mots ou fasse une cinquantaine d’associations de 2 mots, comme « jeter balle » ou « balle rouge ».
Parfois, l’acquisition du langage se fait sans que les enfants s’expriment beaucoup verbalement. Ils ont peut-être besoin de plus de temps pour reconnaître les patrons du langage et pour pouvoir exprimer ce qu’ils pensent.
D’autres enfants, en particulier ceux qui ont des frères et des sœurs plus âgés, tendent à laisser ceux-ci parler à leur place : cela limite leur besoin de s’exprimer eux-mêmes.
Tant que votre enfant essaie de communiquer d’une manière ou d’une autre (par exemple, par gestes), ce n’est pas grave si d’autres qui sont plus âgés parlent à sa place, même s’il est préférable qu’il puisse s’exprimer en son propre nom.

Quand consulter ?

Quand les parents, le milieu social, scolaire ou médical ont des inquiétudes sur l’installation, le développement du langage oral ou écrit …
À l’oral par exemple, quand un enfant a du mal à prononcer ou à organiser certains sons ou certains mots dans sa parole ou sa phrase, quand il bégaie …
À l’écrit, s’il a du mal à apprendre à lire, confond des lettres, inverse l’ordre des lettres, ne comprend pas ce qu’il lit
Pas avant 4 ans, sauf si gros soucis de communication !
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Des idées pour l’encourager à parler ?

Les mamans auxquelles nous avons posé la question suggèrent de :
- parler simplement aux enfants au quotidien
- lire des histoires, des imagiers, etc.
- répéter des mots sans se forcer
- ajouter des adjectifs aux mots que l'enfant prononce ("un canard jaune")
- chanter, dire des comptines à doigts
- jouer bien sûr !



Ensuite,  quand il s'est agi d'échanger librement, concernant l'acquisition du langage, les mamans présentes ont exprimé leurs fiertés, leurs joies, leurs inquiétudes ou celles de leur entourage (entourage qui peut être le premier à mettre la pression quand le langage tarde à se mettre en place : alors que des parents ont tendance à laisser les choses évoluer naturellement, les grands-parents ou les instituteurs s'inquiètent). L'acquisition du langage peut aussi être vue comme un véritable enjeu : on attend de son enfant qu'il parle tôt, qu'il développe un large vocabulaire, qu'il prononce correctement et de manière fluide ... "Vitrine" du développement de l'enfant, le langage peut être source de bien des pressions !


Enfin, de nombreuses mamans ont fait part de leur enthousiasme vis-à-vis du concept "Signe avec Moi". Qu'elles ne connaissent que quelques signes et n'aient jamais participé à un atelier, qu'elles soient en train de se familiariser avec les signes grâce aux livres ou aux rencontres, ou encore qu'elles soient animatrices de ces ateliers, toutes disent l'intérêt immense qu'elles ont trouvé à signer avec leur(s) bébé(s) : une grande attention est portée à ce que les enfants qui signent tentent d'exprimer ; la communication est améliorée, les échanges sont facilités, les besoins mieux pris en considération, les frustrations réduites ; un lien visuel, direct est renforcé : parents et enfants se regardent plus donc "s'entendent" plus ; signer peut créer des moments de complicité dans la fratrie (les signes sont comme un jeu) ; les grands-parents peuvent apprécier ce mode de communication et vouloir apprendre ...

Par ailleurs, il est amusant de noter que chaque enfant développe son propre champ de signes en fonction de ses centres d'intérêt : plusieurs mamans racontent que leurs bambins gourmands connaissent un très grand nombre de signes qui concernent la nourriture ! Une autre explique que chez elle, l'endormissement est plus long qu'avant parce que son petit demande encore et encore des comptines signées au moment du coucher. Certains enfants, quant à eux, inventent leurs propres signes, ou les transforment.

Dans tous les cas, signer avec son bébé demande de la persévérance, et une pratique quotidienne. Il semble que la participation aux ateliers soit beaucoup plus motivante que l'apprentissage à partir du livre seul ; les ateliers stimulent, ils nourrissent l'envie de continuer à signer.

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Merci à Anaïs, Anna, Aurélia, Caroline, Chrystel, Claire, Claire, Clélia, Cynthia, Delphine, Fanny, Lydie, Stéphanie, Valérie ... et leurs petits !

Publié dans Rencontres

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